Qu’est-ce que la Biosécurité ?
C’est l’ensemble des normes et des règles à respecter en installant son élevage.
En France et en Europe, la biosécurité est encadrée par des textes réglementaires, notamment pour les élevages avicoles et porcins. Les éleveurs doivent respecter des plans de biosécurité obligatoires, surtout en cas de risque épidémique élevé.
Les objectifs de la biosécurité
- Protéger l’éleveur : En lui donnant un cadre de travail cohérent et respectueux
- Protéger l’animal : En respectant ses besoins et en le coupant des potentielles menaces extérieures comme la faune sauvage ou les maladies
- Protéger le consommateur : En donnant un cadre sain, la qualité du produit fini n’en est que meilleure
- Protéger l’environnement : En définissant des règles afin que l’élevage ait le moins de répercussions négatives possibles sur le lieu de l’élevage
La biosécurité en plein air est donc un équilibre entre le bien-être animal, la santé publique et la protection de l’environnement.
Objectif de cet article
Les normes de Biosécurité sont denses et ont évolué dans le temps ; Il est parfois difficile de s’y retrouver à tel point que les audits de biosécurité montrent un taux de non-conformité élevé, soulignant la nécessité d’adapter les normes aux réalités du terrain. L’objectif de cet article est :
- D’aider les éleveurs et éleveuses de porcs en plein air à comprendre la réglementation actuelle, souvent pensée pour l’élevage confiné, et donc parfois inadaptée au plein-air (zones imbriquées, multi-espèces, reliefs, grands parcours, rotation parcellaire).
- De donner des outils pour se défendre lors des contrôles, mieux connaître leurs droits et préparer leur plan de biosécurité.
La Confédération Paysanne propose un guide sur la biosécurité adapté à l’élevage en plein air et à la réalité du terrain, bien différente de l’élevage en bâtiment.
Contexte réglementaire
- Depuis 2020, tous les élevages de porcs sont soumis à des obligations de biosécurité, issues notamment de l’arrêté du 16 octobre 2018.
- Maladies ciblées : Peste porcine africaine (PPA), maladie d’Aujeszky, brucellose.
- Principales obligations :
- Nommer un référent biosécurité formé.
- Définir et protéger des zones délimitées (publique, professionnelle, élevage).
- Mettre en place des clôtures adaptées, plans de nettoyage/désinfection, dératisation.
- Tenir des registres et respecter la traçabilité.
Mesures de biosécurité imposées
- Clôtures : Systèmes fixes ou doubles pour éviter tout contact avec les sangliers.
- Sas sanitaires et locaux sanitaires pour les intervenants.
- Gestion stricte du matériel, véhicules, aliments, paille et effluents.
- Quarantaine pour les animaux introduits.
- Plans obligatoires : Nettoyage/désinfection, lutte contre les nuisibles, gestion des cadavres et effluents.
Mesures de biosécurité obligatoires
- Organisation des zones
- Trois zones :
- Zone publique : Accueil des visiteurs, stationnement, aire d’équarrissage.
- Zone professionnelle : Zone tampon entre public et élevage (circulation de véhicules, livraisons).
- Zone d’élevage : Réservée uniquement aux porcs, délimitée et protégée des sangliers.
- Sas ou local sanitaire obligatoire pour entrer en zone d’élevage (lavage des mains, changement de tenue, registre des visiteurs).
- Clôtures et protection des animaux (voir notre système de clôture RASSUR)
- Clôture extérieure fixe et grillagée (1,30 m minimum) empêchant l’intrusion des sangliers.
- Clôture intérieure (grillage ou électrifiée) pour éviter tout contact groin à groin.
- Doubles barrières ou passages canadiens aux ouvertures.
- Dérogations possibles pour les mâles et femelles non pubères ou ovariectomisées (clôtures mobiles autorisées).
- Nettoyage et désinfection
- Abris et cabanes : Nettoyés et désinfectés après le départ des porcs.
- Matériel et véhicules : Doivent être spécifiques à la zone d’élevage ou nettoyés/désinfectés avant/après usage.
- Plan de nettoyage/désinfection obligatoire (fréquence, produits, protocoles).
- Gestion des flux et introductions
- Quarantaine obligatoire pour tout nouvel animal venant d’un autre élevage.
- Vide sanitaire recommandé entre les lots, sans durée fixe imposée.
- Transport des porcs : Zones d’embarquement/débarquement dédiées ; bétaillères nettoyées après passage à l’abattoir.
- Alimentation et litière
- Stockage protégé : Aliments et paille doivent être inaccessibles aux sangliers (hangar, clôture, bâche intégrale, enrubannage).
- Interdiction stricte : Déchets de cuisine et de table, même issus de la ferme.
- Contrats possibles avec magasins/restaurants pour invendus uniquement végétaux sans contact animal préalable.
- Gestion des sous-produits et effluents
- Cadavres : Stockage en containers/cloches étanches, aire d’équarrissage en limite de zone publique.
- Lisier/fumier : Stockage et épandage autorisés, sans obligation de signalisation particulière.
- Possibilité de placettes éleveurs pour rapaces nécrophages (sous conditions).
- Plan de lutte contre les nuisibles
- Plan de dératisation obligatoire (schéma des appâts, fréquence de suivi).
- Entretien des abords et clôtures pour limiter l’attraction des nuisibles.
En résumé : Les mesures imposées visent surtout à empêcher l’intrusion des sangliers et les contacts directs/indirects avec eux, à contrôler la circulation des personnes, véhicules et matériels, et à garantir une traçabilité stricte des flux, du nettoyage et des animaux morts.
Ci-dessous un tableau récapitulatif des mesures à mettre en œuvre :
| Mesure | Objectif | Moyens imposés |
| Organisation des zones | Limiter les contacts extérieurs et structurer les flux | Zones publique, professionnelle, élevage ; sas sanitaire/local sanitaire ; registre visiteurs ; lavage mains |
| Clôtures et protection | Empêcher intrusion et contacts avec sangliers | Clôture extérieure fixe (≥1,30 m) + clôture intérieure (grillage/électrique) ; doubles barrières ou passage canadien |
| Nettoyage et désinfection | Réduire risques de contamination par environnement et matériel | Nettoyage/désinfection abris après départ animaux ; plan écrit obligatoire ; matériel spécifique ou désinfecté |
| Gestion des flux et introductions | Éviter introduction/propagation de maladies entre lots | Quarantaine pour nouveaux animaux ; vide sanitaire recommandé ; zones d’embarquement dédiées ; bétaillères nettoyées après abattoir |
| Alimentation et litière | Empêcher contamination par sangliers ou déchets interdits | Stockage protégé (hangar, clôture, bâche intégrale) ; interdiction déchets de cuisine ; invendus végétaux autorisés sous conditions |
| Sous-produits et effluents | Éviter diffusion de pathogènes via cadavres et effluents | Cadavres en containers/cloches étanches ; aire d’équarrissage en zone publique ; lisier/fumier stockés et épandus réglementairement |
| Lutte contre les nuisibles | Limiter rongeurs et nuisibles vecteurs de maladies | Plan de dératisation (appâts, fréquence) ; entretien abords, haies, clôtures |
Points de vigilance
-
-
- Arrêtés locaux : Chaque commune ou préfecture peut imposer des règles supplémentaires (ex : Distances accrues, restrictions sur les types de clôtures).
- Déclaration obligatoire : Tout élevage de porcs, même en plein air, doit être déclaré auprès des autorités compétentes (DDPP).
-
- Les contrôles sont souvent inopinés, menés par la DDPP.
- L’éleveur peut être accompagné d’assistants (syndicat, vétérinaire, avocat,…).
- Possibilités de recours en cas d’infraction constatée (procédures administratives et pénales).
-
Pour aller plus loin…
-
-
- Expérimentation nationale de l’IFIP sur la biosécurité en élevage plein air : Site de l’Institut du Porc (IFIP)
- Guide biosécurité porcs plein air de la Confédération Paysanne – Biosécurité en élevage de porcs plein air
- Règles techniques auxquelles doivent satisfaire les élevages de bovins, de volailles et/ou de gibier à plumes et de porcs soumis à autorisation au titre du livre V du code de l’environnement- Arrêté du 7 février 2005
- Points réglementaires disponibles pour les élevages de porcs Bio en plein air Produire Porc Bio
-